mardi 20 octobre 2015

Je voyage mais je me soigne (shanghai juin 2014)














Shanghai, hotel Méridien, le 26 avril 2014, 23h...en pose de moi au très luxueux bar panoramique du 65ème étage.
Un bar panoramique parmi les autres, en ordre de bataille, face à moi.
Un peu plus près du ciel, un peu plus près du découvert aussi, whisky hors de prix.
Vue dominante voir dominatrice, on baisse la tête pour se sentir un peu plus fier, un peu plus fort, voir autre chose que ses pieds.
Shanghai, c'est pompéi, ça se débat dans la fumée et les gaz; néons multicolores partout, autant de phares dans la ville sans quoi on n'y verrait pas à 100 mètres.
Des phares qui ne nous épargnent pas les écueils par contre, on est étranger et ça se voit:
- Hello, massage? massage? ...sex massage?
- No, thank you! (je le remercie quand même... putain d'éducation! Allez si ça se trouve il est sympa, il bosse bénévolement pour sa copine).
- Beautiful girl?
- No
- Young girl?
- NO!
- What you're looking for?
Faut forcément chercher quelque chose ici.
- Shanghai museum.
Et là je dois casser un mythe, il semble plus facile de trouver une prostituée que d'acheter un paquet de clopes dans ce pays, alors un musée n'en parlons pas!
Enfin tranquille, je fais 20m et on m'aborde de nouveau pour me parler de "performance du thé", je dis "cérémonie ?" Non... "performance!"
-Ah, non merci, je ne suis pas très sport!
Bref on n'en peut plus de n'avoir besoin de rien ici, de juste marcher: la flânerie est contre-productive, se laisser vieillir sans combattre, sans n'y rien faire, en regardant les autres se débattre à finalement faire pareil...vieillir.
On se trouve presque con de n'avoir rien à acheter, même pas une ombrelle pour garder ce teint diaphane, pâle et chic de la bonne société chinoise. En Chine c'est les paysans qui sont bronzés...faudra leur dire sur la croisette à Nice. Ben non tiens, je serai un "point soleil" à moi tout seul!
On se sent romantique en Chine, cet idéalisme, cette propension à l'évasion...même Claude Guéant, Cahuzac ou Michel sardou passeraient pour des personnages de "Madame Bovary".
Le chinois, lui est plus pragmatique... il ne s'évade que de ses baskets la nuit pour dormir, et encore pas plus de 5 heures! Pas de temps à perdre , y'a des trucs à vendre.
Est ce que j'arriverai à être autre chose qu'un porte-feuille? Je sais aussi être juste décoratif pour peu qu'on m'ait habillé et parfumé pour la circonstance!
Il se fait tard... tout ça c'est trop de luxe pour moi et cette musique lounge mondialisée bossa-nippone, afro-chinoise, electro-samba-thai, orientalo-scandinave, je sature...t'es chez toi partout tant que tu consommes, mets toi à l'aise on n'en veut qu'à ton fric!
On n'est pas bien au dernier étage?
Allez le paysage une dernière fois avant d'aller me coucher: d'ici tout est reflet, lumières artificielles multipliées par les vitrines, le regard est toujours détourné, indirect, entre deux plans, défragmenté, toujours encombré du devant et du derrière, surmené...je suis fatigué.